Oui, je fais peur, je le sais. Je ne corresponds pas à l’image du pasteur que l’on se fait traditionnellement. Du coup, beaucoup se demandent qui je suis, quelles valeurs je défends. Car un pasteur doit défendre des valeurs, sinon ce n’est pas un pasteur, ou bien ?
Qu’en pensez-vous, vous qui me lisez ?
Avoir certaines valeurs, c’est indispensable, oui. Mais je ne me considère pas dans la lignée de mes prédécesseurs qui se positionnaient en défenseurs de règles de morales et qui les imposaient. Je n’impose rien. Je suis à l’écoute des gens qui viennent me voir et je les accompagne avec les valeurs qui sont les leurs. Si, toutefois, je perçois que certaines de leurs valeurs sont source de souffrances, alors je vais mettre cela en évidence et, peut-être, les amener à les remettre en question et à adhérer à d’autres valeurs qui leur correspondent aussi.
Je ne suis donc pas maître de morale et je ne me place pas en personne qui a autorité pour imposer des règles éthiques. Par contre j’ai passablement réfléchi aux questions qui touchent à la sexualité et je connais beaucoup de personnes LGBT. C’est avec cette expertise que je tente d’accompagner les personnes qui s’adressent à moi. Je ne reçois pas que des personnes LGBT, bien au contraire. La grande majorité de mes patients sont hétérosexuels et dans la norme – si tant est qu’il y ait une norme – et je me sens tout à fait à l’aise pour les accompagner. Je souhaite toutefois être à disposition des personnes qui se sentent différentes par leur orientation sexuelle ou leur identité de genre.
Un pasteur qui parle de sexe et qui est à l’aise pour aborder les questionnements des personnes LGBT, n’est-ce pas sympa ? Si Dieu nous a créés tout entiers, aussi au-dessous de la ceinture, alors c’est une évidence pour moi que je dois accompagner les personnes dans tout ce qu’elles sont, corps, âme, esprit et la sexualité en est un aspect. Tout ce que Dieu a fait est bon, c’est la conclusion de Dieu lorsqu’il a créé l’humain masculin et féminin. C’est aussi ce qui me réjouit lors des accompagnements qui m’est donné de faire. Aborder ensemble des questions qui touchent à l’intime, c’est aller au cœur de l’humain. Et ça, c’est beau !